« Lorsque Laura sort de la gare, elle est confrontée à un groupe d’individus qui agressent une personne. Le groupe est composé de quatre hommes, assez jeunes, et la personne frappée, un homme également, plutôt la cinquantaine. Il est 22 heures, en plein hiver, il pleut abondamment dans les rues de cette grande ville. L’effet surprise de Laura joue à un plein effet. Elle ne s’attendait pas à assister à cette scène, elle ne sait pas quoi faire, elle a peur, elle est pressée de rentrer et surtout elle se sent impuissante à agir seule. Elle prend donc la décision de courir assez vitre à l’opposé de la situation d’agression tout en ayant honte de n’avoir rien fait. Deux jours après cette scène, un officier de Police judicaire se présente au domicile de Laura, pour lui annoncer deux faits.
- Elle a été vue par les caméras de surveillance de la sortie de la gare comme ignorant la scène à laquelle elle a assisté, son visage à été reconnu par le logiciel informatique de la compagnie de transport ferroviaire.
- La victime de l’agression est dans le coma depuis deux jours.
Question de l’O.P.J., pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêtée pour prévenir les secours ? »
Cette scène est une vraie fiction. Cependant, elle se rapproche au plus près de nombreuses autres réelles situations qui ont existé dans la vie sociétale actuelle. Pourquoi de nombreux témoins d’agressions, d’accidents, voir de situations dangereuses, restent aveugles et muets sans aucune prise en considération de l’importance de la situation à laquelle ils assistent ? Plusieurs raisons à cela, qui bien que compréhensibles ne sont pas des excuses.
La non-assistance à une personne en danger est une infraction punie par la loi (art. 223-6 du code pénal). Cependant, de nombreuses personnes hésitent voire ignorent à apporter leur aide.
Voilà selon nous les explications
- La peur. Elle se décline à plusieurs niveaux et englobe en grande partie l’ensemble des non- réactions. Peur de la situation, des personnes, d’être soi-même agressé, de ne pas savoir quoi faire, de mal agir, du regard des autres « spectateurs », de l’après agression, des conséquences si j’agis, d’être filmé et que l’on me reconnaisse sur les réseaux sociaux, peur de….
- Plus fort que la peur, c’est la terreur ou la sidération. La personne n’a pas la capacité d’agir ou de réagir. Elle est « scotchée », sans possibilité de se mouvoir ou d’avoir une quelconque action. La sidération est le niveau le plus élevé de la peur chez l’être humain. La personne ne peu également pas se protéger elle-même ou se mettre en sécurité.
- L’effet bystander effect ou effet spectateur (1964 John Darley et Bibb Latane). L’indifférence du témoin qui est confronté à trois blocages.
Blocage A- Pourquoi moi ? : Il dilue sa responsabilité en regardant les autres qui ne bougent pas. Affaire Kitty Genovese en 1964.
Blocage B – Je suis ridicule ! : Peur d’être évalué négativement, même si personne ne regarde, nous retrouvons la présence de la peur.
Blocage C – Mais que font les autres ? – La passivité des autres incite à l’inaction.
4. Une quatrième raison, bien qu’incroyable, cependant réelle. « Je n’ai pas envie, ou tant pis ». Ce comportement bien qu’inacceptable, démontre le versant égoïste voire egocentrique de certaines personnes. « Je pense d’abord à mon intérêt propre et donc je ne prends aucun risque qui puisse me mettre en difficulté immédiatement ou après ». Chacun sa route. Cette non-réponse ou plutôt cette non-aide, évite selon la personne, tout ennui possible en cas d’implication individuelle. Il est nécessaire de rajouter que cette attitude passive englobe également une justification de protection individuelle parfois évoquée de manière assumée.
On peut donc se demander si face à une action violente, il est possible d’intervenir sans risque ? Il est toutefois utile de rappeler, que chaque citoyen doit alerter les secours, et les services de police ou de gendarmerie, s’il constate une agression et qu’il n’est pas en mesure d’intervenir directement sans se mettre lui-même en danger.
Comment mettre en place une action salvatrice dans ce genre de situation ?
L’action « salvatrice » devient donc un sujet qui dépasse le questionnement, quoi faire, qui peut être remplacé par comment agir ?
Nous avons créé le procédé L164
- 1 danger
- 6 secondes pour analyser comprendre décider
- 4 secondes pour agir
Voici le tableau de correspondance L164
1 Danger |
6 secondes pour Analyser Décider |
4 secondes pour Agir |
– Visualiser le danger
– Reconnaître sa réalité – Est-ce un danger ou un risque ? |
– Que se passe t’il ?
– Qui est concerné ? – Quels sont les enjeux immédiats ? – Suis-je moi-même en danger ? – Quels sont mes possibilités d’agir ? – Quels sont les « outils » à ma disposition pour apaiser la situation ? – Définir trois choix d’actions possibles. – Choisir l’action la plus adaptée en termes d’efficacité et d’autoprotection |
– Mise en place du choix
– Respecter l’ordre des priorités fixé – Intégrer l’agilité et la flexibilité sans varier le choix initial |
Apprendre à répondre à toutes ces questions entre 4 et 6 secondes ; Voilà le défi que propose ce procédé et l’expérience nous montre que son application demeure tout à fait réalisable.
Cela passe par la maîtrise de son environnement immédiat par la gestion simultanée de la perception globale et la perception spécifique.
Focus : Comment fédérer des personnes qui ne se connaissent pas afin de venir en aide à une tierce personne en difficulté ?
Avec d’autres personnes :
Vous avez décidé d’interpeller des personnes présentes autour de « la situation » afin de venir en aide à une autre personne. Il existe une technique d’identification immédiate qui peut vous y aider/ Le concept est le suivant. Vous devez nommer les personnes par leur tenue vestimentaire. « Vous monsieur avec le pull gris, vous jeune homme avec les baskets jaunes, vous madame avec le tee-shirt marin, etc… ». Ne connaissant pas le nom des personnes, vous les nommez par un élément qui leur est propre c’est-à-dire les habits. Vous les identifiez donc par quelque chose de visible, que tout le monde voit et vous le faites à voix haute. La personne se reconnaissant, osera moins esquiver votre appel, justement par sa reconnaissance visuelle. Une fois que vous l’avez désigné, l’important est de lui signifier une action- « Appeler la police – empêcher d’autres personnes d’avancer – Tirer sur le signal d’alarme, etc… ». Reproduite la méthode avec toutes les personnes présentes à vos cotés.
Vous êtes Seul(e) :
Dans ce cas de figure, l’application de l’ordre des priorités est OBLIGATOIRE. Et cet ordre doit être tout à fait flexible. Les 3 principes suivants sont malléables mais indispensable :
- Assurer ma propre sécurité
- Prévenir ou faire prévenir les secours
- Engager que des actions salvatrices
Toutes les actions entreprises doivent bénéficier d’un instant de réflexion avant l’action. Dans ce type de situation, l’émotionnel est violent, dense et puissant. Le seul moyen de diminuer l’importance de cet émotionnel, afin de vous forcer à actionner votre cognition, c’est de vous parler à haute voix. Décrivez la situation, ce que vous voyez par la description et la couleur des objets, forcez vous à nommer votre environnement immédiat. Le début de la réflexion va remplacer la force de l’émotionnel, ainsi vous aurez une vision JUSTE et votre décision sera efficace.